Dublin dehors

Plusieurs vous diront que de marcher dans la ville de Dublin sur les pas de Léopold Bloom vous permettra de découvrir cette cité dans la version de Joyce. Je leurs rappellerai que Dublin appelle à la déambulation naturellement avec les canaux et les rivières qui se jettent dans le fleuve Liffey, avec les immeubles construits en granite dont les portes présentent le style Georgien à son meilleur, avec les multiples clochers qui percent l’horizon sans compter sur les ponts pour les piétons ou de macadam…

Mais le plus doux des délices ressemblent à une course vers la National Gallery via le sud-est de la ville qui vous amène devant la porte de Sweeney sans que vous ne l’ayez planifié. Ou encore qu’après une matinée à Sandycove, vous mangiez votre sandwich au fromage et buviez votre tasse de thé au sec, au bord du fleuve, entre deux cumulus gris.

Choisir d’aller jouer aux vacanciers en Irlande durant trois semaines, c’est aussi oublier de mettre votre crème solaire dans vos bagages. Qui aurait pu vous dire que votre journée, de 6h à 22h, serait ponctuée d’ondées, de bourrasque de vent chaud, d’éclaircies ensoleillées, d’orage intermittent? On supposerait qu’à midi, le soleil d’août soit de la partie ou qu’à 16h, la pluie rafraichisse l’air. Ah! Ce serait vivre sans la participation de la température celtique.

Toujours est-il que ce serait sans compter sur les aléas de la température à Dublin. Ces variations forment plus d’un farfadet naturel. Cela vous surprend, vous taquine (sortir son parapluie pour 10 minutes), vous transporte de joie, vous ramène à l’évidence, vous cache un monument dans la brume et vous le révèle quelques minutes plus tard sous un autre angle. Un peu de tout pour mieux vivre le moment présent : voilà comment cela se présente.

Comme visiter Loughcrew et sortir du mausolée de rocs pour courir en descendant la colline sous une pluie tropicale, derrière tous les autres touristes, le visage mouillé, les souliers encroutés de boue, riant aux éclats avec tout le monde qui fut, comme vous, surpris par ce nuage torrentiel.

Découvrir du coté est de la rue Dorset, un des canaux construits pour les barges de l’époque Georgienne, dont les berges sont devenus un parc municipal.

Sortir le soir pour aller voir le bassin du parc Blessington, autrefois réservoir en eau potable pour la célèbre distillerie Jamieson. Lorsque que le tramway Luas s’arrête en face de la caserne de la cavalerie, maintenant musée du vêtement et de la décoration, un long mur de pierres cache un parc commémorant la révolte de 1798. Une autre fois, vous arrivez à l’ancien Royal Kilmainham Hospital dont l’édifice est bordé d’un parc aux allures françaises.

Dublin est une ville qui se joue dehors : toujours à la saveur du moment entre deux averses, deux nuages ou la caresse du soleil. La fée des celtes s’occupe de vous, le touriste, et vous le rend aux centuples évidemment. Ne vous inquiétez pas.